Bonsoir,
Vos questions sont très précises et elles pourraient trouver réponse dans l'histoire des ateliers de la Royal Mint. Je crois que vous pourriez avoir des informations en communiquant directement avec le Royal Mint Museum. J'ai déjà parlé à deux personnes là-bas (de vive voix) et ils sont assez ouverts pour répondre à ce type de question. La plupart du temps, les gens qui les contactent sont ceux qui demandent combien vaut une pièce héritée de leur grand-père.
http://www.royalmintmuseum.org.uk/Vous le savez peut-être déjà, mais voici quand même quelques informations historiques provenant de mes recherches faites au sujet de la fabrication des jetons de cuivre.
La Royal Mint de Londres a utilisé les mêmes presses que la Soho Mint et la Heaton Mint (ou Birmingham Mint) entre avril 1810 et 1881. Les presses étaient celles inventées et produites par la Boulton & Watt Company. Il s'agissait d'une presse à vis actionnée par un piston à vapeur (comme les trains à vapeur). La particularité de ces presses est qu'elles ont été les premières à utiliser une virole amovible qui pouvait être gravée de motifs et de lettres. L'ajout de cette virole a été importante car elle permettait de frapper des pièces qui sont toujours parfaitement rondes.
Après la fermeture de la Soho Mint, les équipements furent liquidés par la famille Boulton en avril 1850. Ralph Heaton (fils) acheta les 4 presses à vapeur ainsi que les équipements pour fabriquer les flancs. Heaton a également acquis les droits de fabrication des presses. Il pouvait alors agrandir son atelier et vendre des presses à d'autres ateliers dans le monde.
Entre 1853 et 1856, la Royal Mint était débordée à frapper des pièces d'or et d'argent. Certains contrats ont été donnés à Heaton pour frapper des pièces de cuivre. Ces pièces officielles n'ont pas la marque "H" qui est typique aux pièces frappées chez Heaton. La raison est que les coins étaient faits par la Royal Mint à Londres et puis expédiés à chez Heaton à Birmingham. Les 4 presses de Boulton installées chez Heaton produisaient alors 110 000 pièces de cuivre par jour.
Pour ce qui est des pièces spécimen de 1858, je peux me tromper mais je crois qu'elles étaient fabriquées comme les épreuves faites par Boulton à la Soho Mint à partir du début des années 1790. On lit beaucoup sur les presses de Boulton & Watt et très peu sur ses presses à fabriquer les flancs qui étaient tout autant révolutionnaires pour l'époque. Le principe était alors le même qu'aujourd'hui. Des barres de cuivre/bronze étaient introduites dans une presse pour avoir des bandes d'épaisseur égale. Les flancs étaient ensuite poinçonnés dans ces bandes puis ils étaient polis avant d'être frappés. Une grande partie du commerce de la Soho Mint était la fabrication de flancs pour d'autres ateliers de monnaie. Ils ont été un fournisseur important de flancs pour la Royal Mint et ailleurs dans le monde comme la Russie et les États-Unis.
Boulton frappait ses épreuves sur une de ses presses à vapeur à partir de la matrice au lieu d'un coin. Il voulait mettre en valeur la qualité de ses presses en produisant quelques pièces parfaitement rondes et bien centrées. Son secret était la virole amovible. Quand la Royal Mint a commencé a utiliser ces presses en 1810, elle passait à un niveau de qualité supérieure. L'usage de la matrice au lieu d'un coin pour faire quelques pièces épreuves qui étaient parfaites n'était pas inhabituel. La Royal Mint produisait alors déjà des pièces pour ses colonies et pour quelques pays étrangers. Heaton était un compétiteur de la Soho Mint et il n'avait alors pas la capacité de produire à grand volume des pièces à qualité égale. Quand Heaton a acquis les presses et les droits de la Soho Mint en 1850, il a utilisé le même stratagème pour montrer la qualité de ses pièces.
Je pourrais en discuter encore longtemps mais je vais conclure sur ceci. Les presses de Boulton & Watt n'étaient pas conçues pour faire des frappes doubles. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu un dispositif adapté pour frapper un flan deux fois mais cela aurait été inutile à mon humble avis. La qualité des pièces épreuves reposait sur l'usage de la matrice, d'une virole parfaite (et qui était toujours une matrice), et sur des flancs parfaits. D'ailleurs, l'un des 11 arguments de vente de Boulton & Watt dans les années 1790 était ques les pièces frappées dans leur atelier étaient les plus belles et les plus brillantes jamais produites. Je suis assez d'accord avec ça.
Si vous avez des informations précises sur la fabrication de pièces spécimen avant 1881, il y a de fortes chances que ce soit le même procédé qui a été utilisé en 1858.
Dan