Bonsoir ainsivalavie,
Merci pour cet extrait. Voici une traduction pour ceux qui sont moins à l'aise avec l'anglais.
TheOntarioNumismatist a écrit :"Dans le domaine des (jetons des) marchands, quelques petits trésors ont été retrouvés, rendant disponibles en petites quantités des pièces d'un très haut grade. Ce fut le cas avec les Breton numéros 788 (Ottawa Canning Co.), 799-801 (Orphelinat St-Joseph) et 802 (J.R. Ormond, Peterborough). En général, cependant, beaucoup de ces jetons restent plutôt insaisissables à haut grade, et c'est une tâche ardue de regrouper un ensemble de pièces."
ainsivalavie a écrit :Par exemple, dans le présent cas, vous prenez pour acquis que les différents jetons aient été émis au moment d'activités des dît commerces, alors que ça pourrait ne pas être le cas, même si ça m'apparaît improbable.
Dans une reconstitution historique, il faut en effet accepter les faits qui semblent improbables. Quand l'improbable est prouvé par des documents de preuve, nous sommes devant une évidence. En absence de preuve directe, il faut départager ce qui est vraisemblable de la rumeur. Quand aucun document authentique ne permet de prouver un événement, on peut démontrer, à partir de faits tirés de documents authentiques, qu'un événement était vraisemblable. C’est ce qu’on appelle une preuve par présomption. Dans son traité, René Jetté (démographe, généalogiste, et historien) décrit ainsi la preuve par présomption :
Rene Jetté a écrit :« La preuve par présomption est une preuve où le fait à prouver, qui ne se trouve dans aucun document de preuve, est déduit d’un ensemble détails prouvés dont la convergence intégrale et exclusive avec l’histoire plaide en faveur de son existence. Le fait ainsi prouvé est considéré comme vraisemblable, c’est-à-dire qu’il est présumé exact jusqu’à preuve par le fait ou jusqu’à preuve du contraire. »
Dans le cas présent, je voulais d'abord vérifier que les jetons d'Ormond (#802 et #803) étaient bien de l'époque 1890-1894. Tous les documents de preuve retrouvés convergent vers un époque antérieure à 1879 pour les #802 et #803.
Jusqu'à preuve du contraire, Breton fut le premier à mentionner ces jetons en 1894. Breton affirmait alors:
1. "M. Ormond n'est plus à Peterborough". C'est prouvé par plusieurs documents qu'il n'était plus à Peterborough en 1894. Voir le point no 3 ci-dessous.
2. "M. Ormond tenait magasin à Port Hope avant de s'établir à Peterborough." Selon mes recherches, et celles des archives de Port Hope, la seule trace d'Ormond à Port Hope date de 1871 alors que son commerce est listé à la fois à Peterborough et à Port Hope dans le Canadian Dominion Directory for 1871. Ormond était déjà à Peterborough quand sa fille est née en 1859. Il est listé à Peterborough dans le recensement du Canada de 1861. Il est mentionné à deux endroits dans le The Province of Ontario Gazetteer and Directory de 1869. Dans une publicité de son commerce en page 373, il indique que son commerce est à Peterborough uniquement. Cette même année, il est listé lors de l'évaluation municipale de Peterborough. Rien ne prouve qu'Ormond se soit établi à Port Hope avant de s'établir à Peterborough. Tous les documents de preuve indiquent qu'il ne s'est jamais établi à Port Hope. Il a ouvert un 2e commerce à port Hope en 1869/1870.
3. "Il est à présent établi à Winnipeg". C'est prouvé par plusieurs documents qu'il était à Winnipeg en 1894. Les documents de preuvent permettent de déterminer qu'il s'y est établi en 1879. C'est la date la plus vraisemblable pour les raisons mentionnées dans mon précédent message.
Breton n'affirme rien d'autre que les 3 points listés ci-dessus. L'édition de 1912 ne fait que présenter les jetons et le texte a été biffé. Les catalogues publiés après 1894 jusqu'à nos jours ne font que présumer que les jetons ont été frappés avant 1894. À prime abord, c'est vrai. Cependant, la date de 1890 n'est qu'une évaluation approximative qui ne change en rien sur l'existence des jetons ou de leur rareté. Personne n'a vérifié à savoir si cette date était plausible. Sachant que 2 points sur 3 se sont avérés véridiques dans Breton 1894 et que ce fut facile à prouver à partir de documents d'archives, ma recherche s'est orientée sur le point no 2. J'ai ignoré tous les ouvrages publiés après 1894 car ils n'apportent rien de neuf sur la datation des jetons.
Les archives municipales de Port-Hope ont donné une réponse sans équivoque à mes questions: J.R. Ormond n'a jamais été propriétaire d'une maison ou d'une terre à Port Hope. Il ne figure dans aucun rôle foncier de la ville entre 1854 jusqu'à sa mort en 1918. Il ne figure pas dans les registres des églises. Aucun enfant n'y est né, marié, ou décédé. La seule preuve de sa présence à Port Hope est la mention de son commerce dans le répertoire de 1871 (rédigé en 1870) et... le jeton #803 "Port Hope". L'archiviste indique aussi que "le commerce de J.R. Ormond à Port Hope a été très bref car on ne le trouve qu'en 1871". Et elle ajoute: "J.R. Ormond a certainement loué un espace de façade pour son commerce sinon il serait ailleurs dans nos archives". À cette époque, quelques commerces prospères de Peterborough avaient une "façade" à Port Hope parce que tous les passagers des trains en direction de Peterborough devaient obligatoirement débarquer à Port Hope pour prendre le train vers Peterborough.
Le fait qu'Ormond a poinçonné "Winnipeg" sur ses jetons #802 et #803 et, que par la suite, il a fait un nouveau jeton pour son commerce de Winnipeg, on peut reconstituer une séquence de fabrication basée uniquement sur ces faits. Dans l'ordre: la médaille poinçonnée en laiton, le #802, le #803; #802A/B/C et #803A limés et poinçonnés "Winnipeg" / "Winnipeg Man."; et puis finalement le nouveau jeton "Winnipeg" #803B.
Pour l'instant, les documents de preuve provenant des archives ne permettent pas de prouver que le jeton #802 "Peterborough" a été frappé avant le #803 "Port Hope". La chronologie connue permet à J.R. Ormond de frapper le #803 avant #802. Les jetons de J.R. Ormond que j'ai pu retracer sont tous d'un très beau grade. Ces jetons ne sont pratiquement pas usés. Ce sont les marques et les conditions de conservation qui font en sorte que des jetons ont été présentés avec le grade EF. Le degré d'usure de ces jetons suggère fortement que ces pièces ont été faites dans une période de temps très rapprochée et qu'elles n'ont pas été utilisées très longtemps. La période de 1870-1875 demeure celle qui est la plus vraisemblable.
J'ai trouvé quelques ouvrages anciens qui mentionne le "German Silver" comme étant un alliage utilisé pour frapper des pièces des années 1850 en Europe. Je dois les lire attentivement avant d'en parler. J'ai aussi lu que c'était une étude du "German Silver" qui a permis de découvrir (d'isoler) le Nickel. Et dans les années 1800, le "German Silver" semble avoir été un alliage de prédilection pour les faussaires de pièces en argent. Je verrai bien ce que je peux tirer de tous ces ouvrages.
Dan
Une pièce non identifiée n'est qu'un morceau de métal. Une pièce identifiée est un morceau d'histoire.
Membre #13 du CMLRN.