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La série Les oiseaux du Canada (1986)

Par Banque du Canada    |   Mercredi le 6 décembre 2006

La série Les oiseaux du Canada (1986)
National Currency Collection

En 1974, alors qu’il lui restait encore trois coupures de la série multicolore à émettre, la Banque a chargé la société De La Rue de concevoir sa prochaine série de billets. Les recherches ont été axées sur la mise au point de billets dont les caractéristiques déjoueraient les faussaires qui tentaient d’exploiter les avancées les plus récentes dans les domaines de l’impression et de la reprographie couleur. En 1983, la Banque a décidé de se servir d’images nettes et dépouillées d’oiseaux du Canada au dos des coupures de sa nouvelle émission. Elle a en effet jugé que l’utilisation d’un seul élément principal de grande dimension, par rapport à d’autres dessins plus complexes qui lui avaient été proposés, augmenterait la sûreté des billets en facilitant la détection des défauts d’impression sur les billets contrefaits.

Les notes d’information internes de la Banque révèlent que les oiseaux ont été retenus comme thème de la série parce qu’ils étaient considérés comme un sujet relativement neutre qui ne pouvait être perçu comme faisant la promotion d’un groupe ou d’une région en particulier. L’oiseau figurant sur chaque coupure devait s’harmoniser avec la couleur dominante du billet et se trouver dans toutes les régions du Canada.

La série Les oiseaux du Canada (1986)
National Currency Collection

Maquettes de la nouvelle série proposées par De La Rue en 1977. Le Parlement original, qui a été détruit par un incendie en 1916, est reproduit au verso de la coupure de 10 dollars tandis que la Gendarmerie royale du Canada illustre à nouveau celui de la coupure de 50 dollars. Les deux billets comportent le mot « CANADA » qui se découpe sur le ciel au verso, ainsi que de nombreuses autres caractéristiques qui ont été conservées dans le graphisme définitif du recto des coupures, comme les portraits, les gros chiffres, les armoiries du Canada et la bande horizontale centrale illustrée de différentes vignettes du Parlement.

Cependant, en dépit de sa relative banalité, le thème retenu n’a pas échappé à la critique, comme c’est le cas, d’ailleurs, de toute nouvelle série de billets. L’ancien gouverneur John Crow, dans ses mémoires intitulés Making Money, relate une plainte qui a marqué son souvenir. « Un citoyen courroucé écrivit au gouverneur Bouey pour lui signaler que les oiseaux, peu importe leur nom ou la couleur de leur plumage, n’avaient aucunement leur place sur le papier-monnaie du Canada. Il semble en effet que l’épouse du monsieur souffrait d’une phobie des oiseaux et craignait même de les voir en images. En guise de conclusion, l’auteur de la lettre, indigné, nous demandait comment nous avions pu faire preuve d’une telle insensibilité! » [traduction

La série Les oiseaux du Canada est la première dont les coupures de 20 dollars et plus ont été munies d’une vignette de sûreté. À la fine pointe des techniques de conception des billets de banque, la vignette consistait en un mince rectangle de pellicule qui passait du doré au vert lorsqu’on inclinait le billet, et visait à faire échec aux faussaires qui se servaient de photocopieurs couleur. La coupure de 50 dollars sur laquelle la vignette de sûreté a été introduite comptait parmi les premiers billets du monde à intégrer un élément de sécurité réfléchissant de couleur changeante.

La série Les oiseaux du Canada (1986)
National Currency Collection

La vignette de sûreté est un bel exemple de collaboration canadienne en matière de recherche-développement. Le procédé consiste à appliquer sur les billets plusieurs couches très fines d’un matériau optique par évaporation sous vide à l’aide d’un canon à électrons. Mis au point par la Banque du Canada de concert avec le Conseil national de recherches, le produit final a nécessité la création d’équipement spécialisé. Il a fait appel aux ressources de Vadeko International Inc. (une entreprise canadienne de robotique), de l’ULVAC North America Corporation (qui a assuré la fabrication de l’équipement), de 3M Canada Inc. (qui a conçu un nouvel adhésif), de la Compagnie canadienne des billets de banque limitée et de la British American Bank Note Company. Plus tard, la Banque a repris à son compte la fabrication de la vignette de sûreté et a commencé à commercialiser un fil de sécurité par l’entremise de la société De La Rue.

D’autres considérations ont également joué dans la conception des nouveaux billets. Ainsi, dans un rapport présenté au Parlement en 1981, un comité parlementaire spécial sur les personnes handicapées recommandait que le papier-monnaie du Canada soit modifié pour que les personnes ayant une déficience visuelle puissent différencier les coupures. Des codes que pouvaient déchiffrer des lecteurs électroniques portatifs ont donc été ajoutés sur tous les billets de la nouvelle série (sauf celui de 1 000 dollars). De même, les portraits et les chiffres ont été grossis pour aider les personnes malvoyantes à distinguer les coupures. Enfin, des codes à barres pouvant être lus par machine ont été imprimés au verso pour faciliter l’utilisation de trieuses ultrarapides.

On se servait d’une plaque en creux et de trois plaques offset pour produire le recto des billets, tandis que l’impression du verso se faisait à l’aide de trois plaques offset pour toutes les coupures, procédé qui confirmait la tendance vers l’utilisation de la lithographie amorcée avec la série précédente.

La série Les oiseaux du Canada (1986)
National Currency Collection

Yves Baril

Yves Baril naît à Montréal en 1932. Il fait ses études à l’École des beaux-arts et à l’École des arts graphiques de Montréal. Recruté en 1953 par la Compagnie canadienne des billets de banque limitée, où son apprentissage est assuré par Silas Allen, il demeure au service de l’entreprise pendant plus de 40 ans et y réalise des images pour des billets de banque, des timbres et d’autres documents fiduciaires. Il prend sa retraite en 1996. Les œuvres qu’il a produites pour la Banque du Canada sont principalement liées à la série de 1986 : il grave les portraits des anciens premiers ministres Laurier et Borden qui figurent respectivement au recto des coupures de 5 et de 100 dollars. Il prépare aussi les illustrations du harfang des neiges, des huards et des gros-becs des pins.

John Crosby

Connu des naturalistes canadiens pour ses illustrations du livre Les oiseaux du Canada, de W. Earl Godfrey, M. Crosby agit comme conseiller et est l’auteur des dessins dont sont inspirées toutes les images lithographiques d’oiseaux du Canada qui décorent le verso des coupures de la série de 1986. Né à Toronto en 1925, M. Crosby entreprend des études en foresterie, mais constate que le dessin d’oiseaux est sa véritable passion. Il se forme sur le terrain ainsi qu’au Musée royal de l’Ontario et bénéficie, dans sa vocation d’illustrateur, de l’encadrement de James Baillie et de Terence Shortt, célèbres peintres ornithologiques. Il entre au Musée national du Canada en 1951 en tant qu’artiste-naturaliste. On lui doit les planches qui enrichissent de nombreux ouvrages sur les oiseaux, les mammifères et d’autres espèces vivantes. Il a aussi illustré des timbres, notamment celui de 2 cents orné d’un ours polaire émis en 1953.

À partir de 1987, pour des raisons liées au coût et à la durabilité des billets, la coupure de 1 dollar a été remplacée par une pièce de même valeur, de couleur dorée, frappée par la Monnaie royale canadienne. Le billet de 1 dollar était donc absent de la nouvelle série et a été progressivement retiré de la circulation. En février 1996, la Banque a aussi procédé au retrait de la coupure de 2 dollars en faveur d’une pièce bimétallique, également produite par la Monnaie royale, dont l’envers est orné d’un ours polaire. Le lancement des pièces de 1 et de 2 dollars a fait baisser le coût de production de la monnaie canadienne et a même donné lieu à des économies pour certaines entreprises. Ainsi, la Commission des transports en commun de Toronto a estimé que la pièce de 1 dollar lui ferait épargner quelque 800 000 dollars par an en réduisant la nécessité de déplier, de trier et de compter les billets de 1 dollar.

La série Les oiseaux du Canada (1986)

Les variations des barres sur le pourtour, au recto des billets, sont captées par un détecteur intégré à un petit lecteur portatif. La valeur de la coupure est ensuite énoncée à haute voix, en français ou en anglais, grâce à un système de synthèse vocale. National Currency Collection

La coupure de 1 000 dollars a été réintégrée dans la nouvelle série pour remplacer celle de 1954, qui était toujours en circulation mais était dépourvue d’éléments anticontrefaçon modernes. Toutefois, en février 2000, au titre des mesures de lutte contre le blanchiment d’argent et le crime organisé, le gouvernement fédéral a annoncé le retrait de tous les billets de 1 000 dollars. La Banque a cessé d’émettre cette coupure et a commencé à la retirer de la circulation en mai 2000.

2 dollars 1986-1991

2 dollars 1986-1991 - Billet de banque du Canada

Lancée en septembre 1986 et imprimée par la Compagnie canadienne des billets de banque limitée et la British American Bank Note Company, la coupure de 2 dollars a été la deuxième de la nouvelle série à être mise en circulation. Elle montre un portrait de la reine exécuté par Henry S. Doubtfire, de la société De La Rue, d’après une photographie d’Anthony Buckley. On remarque la petite vignette du Parlement à côté de l’effigie de la monarque. Ces deux éléments, ainsi que les armoiries du Canada, reproduites au recto de tous les billets de la série, ont été réalisés par gravure. Deux merles d’Amérique ornent le verso. Les codes à barres sont imprimés à côté des numéros de série, au dos des coupures.

5 dollars 1986-1991

5 dollars 1986-1991 - Billet de banque du Canada

Un portrait de sir Wilfrid Laurier gravé par Yves Baril figure au recto du billet de 5 dollars. Il est juxtaposé à une image de l’édifice du Centre du Parlement tel qu’il était à l’époque de Laurier. Le Red Ensign flotte au sommet de la tour de la Paix, ce qui est logique, puisqu’il s’agissait là du drapeau du Canada lorsque sir Wilfrid Laurier dirigeait le pays. Comme bon nombre de Canadiens nés après 1965 ne connaissaient pas le Red Ensign, certains ont pensé que c’était le drapeau américain qui était représenté sur la nouvelle coupure; cette confusion a donné lieu à « l’affaire du drapeau ». Le martin-pêcheur, au dos du billet, est placé au premier plan dans un paysage représentatif de son habitat. Émise en avril 1986, la coupure de 5 dollars a été la première de la série à entrer en circulation. Elle a d’abord été imprimée par la Compagnie canadienne des billets de banque limitée

10 dollars 1986-1991

10 dollars 1986-1991 - Billet de banque du Canada

La coupure de 10 dollars, qui a été lancée en juin 1989 et imprimée par la British American Bank Note Company, porte une effigie de sir John A. Macdonald gravée par Thomas Hipschen, du Bureau of Engraving and Printing des États-Unis. Sur la vignette, le Parlement est rendu tel qu’il était du temps de Macdonald, avec le Red Ensign battant au vent. Le verso du billet est agrémenté par un balbuzard en vol.

20 dollars 1986-1991

20 dollars 1986-1991 - Billet de banque du Canada

Le portrait de la reine gravé par Doubtfire que l’on voit sur la coupure de 20 dollars est le même que sur celle de 2 dollars, mais c’est la Bibliothèque du Parlement qui se trouve en vignette. Deux huarts à collier rehaussent le verso du billet. Initialement, le huart devait figurer sur la coupure de 1 dollar, mais l’idée a été mise en veilleuse quand on a décidé de remplacer le billet par une pièce de même valeur. Il a été décidé, par la suite, que l’image du huart serait gravée sur la coupure de 20 dollars. Le billet, qui a été mis en circulation en juin 1993, a été imprimé par la Compagnie canadienne des billets de banque limitée et la British American Bank Note Company.

50 dollars 1986-1991

50 dollars 1986-1991 - Billet de banque du Canada

La coupure de 50 dollars, qui est sortie en décembre 1989, a été la première de la série à intégrer, au recto, la toute nouvelle vignette de sûreté. Elle présente aussi un portrait de William Lyon Mackenzie King gravé par Thomas Hipschen et, en vignette, le Parlement, au sommet duquel se déploie le Red Ensign. Un harfang des neiges illustre le verso. Pour des raisons de sécurité, on a changé la teinte dominante de cette coupure d’un rouge orangé à un rouge bleuté. L’impression a été confiée à la Compagnie canadienne des billets de banque limitée.

100 dollars 1986-1991

100 dollars 1986-1991 - Billet de banque du Canada

La coupure de 100 dollars a été la deuxième à comporter la vignette de sûreté. Elle a été imprimée par la British American Bank Note Company et émise en décembre 1990. Yves Baril a gravé le portrait de sir Robert Borden, premier ministre de 1911 à 1920, qui en décore le recto. Sur la vignette, on peut voir l’édifice du Centre, avec l’Union Jack au faîte de la tour de la Paix. L’Union Jack a flotté au-dessus des édifices fédéraux de 1904 à 1945, soit jusqu’à l’adoption d’un décret autorisant l’usage d’un Red Ensign redessiné arborant les armoiries du Canada. La bernache du Canada est représentée au verso de la coupure.

1,000 dollars 1986-1991

1,000 dollars 1986-1991 - Billet de banque du Canada

À l’origine, le tétras du Canada était destiné à figurer au verso de la coupure de 1 000 dollars, qui a été mise en circulation en mai 1992. Cependant, on a décidé d’abandonner ce sujet parce qu’il a été jugé trop susceptible de déclencher un tollé du fait que le tétras est parfois surnommé « poule stupide » à cause de son habitude de se figer pour confondre les prédateurs au lieu de prendre la fuite. Le tétras a donc été remplacé par le gros-bec des pins. Le portrait de la reine orne le recto du billet. À la droite de l’effigie, la façade nord de l’édifice du Centre, avec la Bibliothèque du Parlement au premier plan, est reproduite en vignette. L’unifolié surmonte la tour de la Paix. La coupure a été imprimée par la Compagnie canadienne des billets de banque limitée

La série Les oiseaux du Canada (1986)
National Currency Collection

Le mot « CANADA » inscrit dans le ciel stylisé, au verso des coupures, était formé de lignes parallèles multidirectionnelles (1) destinées à faire obstacle aux faussaires en produisant un motif d’aspect ondé sur les photocopies. Les lignes multidirectionnelles sur le bord des billets (2) prenaient l’apparence de blocs uniformes de couleur pâle. Les billets comportaient également des planchettes (3) et des éléments gravés en taille-douce (4 et 5). La bande centrale, au recto, était composée de micro-caractères (6), par exemple BANK OF CANADA 50 BANQUE DU CANADA, tandis que l’arrière-plan présentait de fines lignes ondulantes qui étaient en fait des rangées de chiffres minuscules (7) correspondant à la valeur de la coupure. Enfin, les grosses coupures étaient munies d’une vignette de sûreté (8).

Cet article représente une partie de la publication nommée L'oeuvre artistique dans les billets de banque canadiens de la Banque du Canada

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