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Qu’est-ce que la monnaie?

Par Banque du Canada    |   Lundi le 1 décembre 2008

En général, l’idée de monnaie évoque des pièces et des billets de banque. Or, de nos jours, la monnaie existe surtout sous la forme de dépôts que détiennent les institutions financières et qui se résument en réalité à des signaux électroniques stockés dans des mémoires d’ordinateurs. À mesure qu’elles ont évolué, les différentes civilisations du monde ont cherché des moyens d’échange de plus en plus efficaces. C’est ainsi que l’on est passé d’objets dotés d’une très forte valeur intrinsèque à d’autres purement symboliques, dont la valeur repose uniquement sur la réputation de l’émetteur. À peu près n’importe quoi peut servir de monnaie d’échange pour autant que cette chose soit relativement rare et largement acceptée. Elle doit en outre pouvoir conserver sa valeur, se diviser facilement et être durable, simple à transporter et difficile à contrefaire.

La monnaie remplit trois grandes fonctions dans la société. D’abord, elle est un instrument d’échange, à savoir un moyen d’acheter des biens et des services. Deuxièmement, elle constitue une réserve de valeur, en prévision de transactions futures. Troisièmement, elle fait office d’unité de compte, c’est-à-dire d’étalon de mesure de la valeur des échanges et des comptes financiers.

Îles Salomon, rouleau de plumes, XXe siècle

Îles Salomon, rouleau de plumes, XXe siècle

Jusqu’aux années 1960, les habitants des îles Santa Cruz se sont servis de la monnaieplume rouge pour verser la dot à la famille de la mariée, se procurer des objets comme des canots ou encore payer une amende.

La fabrication d’un seul de ces rouleaux, avec les plumes d’environ 300 oiseaux, exigeait de 500 à 600 heures de labeur.



La monnaie a été créée pour répondre à des impératifs religieux, sociologiques et économiques. Des objets de grande valeur ont été utilisés pour acheter une épouse, payer le « prix du sang » ou acquitter un tribut. Ils servaient aussi lors de cérémonies et comme ornements, les coquillages et les perles étant particulièrement prisés à cet égard. À mesure que les sociétés se sont complexifiées, ces objets ont facilité les échanges en remplaçant le troc, lequel supposait une coïncidence des besoins du vendeur et de l’acheteur. Les métaux précieux se sont révélés particulièrement bien adaptés à ce rôle : parce qu’ils étaient faciles à entreposer, l’or, l’argent et le cuivre ont été largement acceptés, surtout lorsque les autorités ont commencé à fabriquer des pièces dont le poids et la qualité étaient standardisés.

Chine, monnaie-bêche

À gauche : Chine, monnaie-bêche à tête creuse, 770-600 av. J.-C

Avant d’être remplacées par des pièces rondes, vers 200 av. J.-C., les monnaies chinoises revêtaient l’aspect, à plus petite échelle, d’outils comme les couteaux et les houes.

À droite : Congo, monnaie-houe bangala, début du XXe siècle

Cette lame de fer en forme de houe était l’une des monnaies d’échange matrimoniales utilisées encore au début du XXe siècle dans l’Ouest de l’Afrique centrale pour payer une dot ou le prix d’une épouse.



La circulation des billets émanant des banques et des pouvoirs publics s’est généralisée au XVIIe siècle. Ces billets, imprimés en coupures standard, étaient habituellement garantis, du moins en partie, par des réserves d’or et d’argent. Les obligations de l’État ont parfois fait fonction de monnaie d’échange et demeurent encore aujourd’hui une réserve de valeur. Les bons émis par les marchands, ainsi que d’autres instruments monétaires privés, dont les chèques personnels, ont aussi périodiquement recueilli la faveur populaire comme forme alternative de monnaie.

Au début des années 1970, l’effondrement du système de changes fixes de Bretton Woods a rompu le dernier lien formel entre l’or et la monnaie. Depuis, toutes les grandes monnaies, y compris le dollar canadien, sont purement fiduciaires et leur valeur relative fluctue sur les marchés des changes. Les modes de paiement continuent d’évoluer : cartes de crédit et de débit sont maintenant d’usage courant, l’argent numérique a vu le jour sous la forme de cartes prépayées, et de nouveaux réseaux de paiement électronique font leur apparition.

Cet article représente une partie de la publication nommée Si l'argent m'était conté - La collection nationale de monnaies du Canada de la Banque du Canada

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