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Histoire de la Banque du Canada

Par Banque du Canada    |   Mardi le 18 mars 2014

Les débuts de l'institution

Les débuts de l'institution
William Lyon Mackenzie King et Graham Towers
10 août 1937

Jusqu'à la Grande Crise des années 1930, l'établissement d'une banque centrale semble futile dans un pays à la population dispersée et essentiellement rurale. La préférence accordée à un nombre restreint de banques à succursales trahit l'influence britannique. Dans une économie relativement peu développée, il faut moins de capital et de personnel spécialisé pour ouvrir des succursales bancaires que pour établir une banque indépendante dans chaque localité.

Chez nos voisins du sud, une mentalité toute différente favorise l'essor de banques locales indépendantes, dont la viabilité est assurée par une importante population, organisée en agglomérations.

Le régime de banques à succursales fonctionne bien au Canada pendant près d'un siècle. Les banques émettent la plupart des billets en circulation et parviennent à répondre aux besoins saisonniers ou imprévus. En outre, les banques les plus importantes administrent sans trop de peine les comptes bancaires du gouvernement, et le réseau bancaire se dote progressivement d'un système de compensation des chèques.

Les temps changent

La Grande Crise, aggravée par une période de sécheresse et le marasme qui sévit à l'échelle mondiale, contribue à l'élection d'un nouveau gouvernement et favorise les critiques virulentes de la population à l'égard du système bancaire canadien. Durant cette période, l'absence d'un mécanisme de règlement direct des soldes des comptes internationaux au Canada inquiète également le premier ministre de l'époque, R. B. Bennett. En 1933, ce dernier nomme une commission royale pour étudier « l'organisation et le fonctionnement de tout notre système bancaire et monétaire [et] peser les arguments pour ou contre l'établissement d'une institution bancaire centrale ».

Les arguments en faveur de l'établissement d'une telle institution l'emportent. Dans son rapport, la commission royale, présidée par lord Macmillan, recommande la création d'une banque centrale. Une semaine après la publication du rapport, le premier ministre annonce que son cabinet suivra les recommandations.

Une annexe du rapport de la Commission Macmillan, intitulée « Suggestions quant à certains des principaux aspects de la constitution d'une banque centrale au Canada », sert de canevas pour la rédaction de la Loi sur la Banque du Canada, qui reçoit la sanction royale le 3 juillet 1934. Constituée sous la forme d'une société privée dont les actions sont vendues au grand public, la Banque du Canada ouvre ses portes en mars 1935.

Une institution solidement établie

Graham F. Towers est le premier gouverneur de la Banque du Canada. Âgé de 37 ans et fort d'une grande expérience à la Banque Royale du Canada, tant à l'étranger qu'au pays, ce Canadien se présente devant la Commission Macmillan en qualité de représentant des banques. Il dirige la Banque du Canada pendant vingt ans.

Peu après la fondation de la Banque du Canada et à la suite d'un changement de gouvernement, un projet de modification à la Loi sur la Banque du Canada est présenté en vue de nationaliser l'institution. Celle-ci devient une société publique en 1938, ce qu'elle est encore aujourd'hui.

La banque centrale se voit confier à la fois des fonctions jusque-là exercées par d'autres organismes ainsi que des fonctions toutes nouvelles. Dès le départ, le ministère des Finances transmet à la Banque du Canada ses fonctions relatives à l'émission de billets de banque, tandis que les bureaux du receveur général, répartis dans tout le pays, deviennent des agences de la Banque.

Un département des Recherches est établi afin de fournir des renseignements et des conseils sur l'évolution financière et sur la conjoncture économique au Canada et à l'étranger. Le Service des changes et le Service des valeurs entrent presque immédiatement en activité, mais le Service de la dette publique n'est transféré du ministère des Finances à la Banque qu'au moment où celle-ci dispose de locaux appropriés. Ce transfert a lieu en 1938, après l'achèvement de l'immeuble situé au 234 de la rue Wellington. Cet immeuble et les deux tours de bureaux qui viennent s'y greffer dans les années 1970 forment le complexe qui abrite toujours le siège de la Banque du Canada. Le complexe est en rénovation jusqu'en 2017.

La Loi sur la Banque du Canada, qui énonce les responsabilités de la Banque, a subi maintes modifications depuis 1934. Son préambule toutefois est resté le même, tout comme la raison d'être de la Banque, qui est toujours de « réglementer le crédit et la monnaie dans l'intérêt de la vie économique de la nation ».

Siège de la Banque

Les premières années : de 1935 à 1938

Les premières années : de 1935 à 1938
Édifice Victoria, 140, rue Wellington

Quand la Banque du Canada ouvre ses portes, en mars 1935, elle occupe des locaux loués dans l'édifice Victoria de la rue Wellington, à Ottawa.

Ces bureaux deviennent vite trop étroits et sources d'inefficacité. En janvier 1936, le gouverneur Graham F. Towers présente une proposition au premier ministre Mackenzie King en vue de la conception et de la construction d'un nouvel immeuble. Le premier ministre accepte et, en mai, la Banque fait l'acquisition d'un terrain donnant sur la rue Wellington, mais plus à l'ouest, pour la somme de 83 500 dollars (environ 1,4 million en dollars de 2014).

La Banque embauche S. G. Davenport, de Montréal, à titre d'architecte-conseil et de conseiller du projet, qui, à son tour, recommande les services de la société d'architecture torontoise Marani, Lawson and Morris à titre d'architecte principal.

Early Years, 1935-38
Proposition architecturale - 1937

Cette société soumet ses premières esquisses en mai 1936. Elles sont toutefois refusées parce que « le style ressemblait quelque peu à celui de la Banque d'Angleterre [...]. Il est extrêmement difficile de conférer un caractère unique à ce type d'architecture. Soit que l'une de ses parties évoque une cheminée, soit que l'ensemble rappelle un pot de fleurs avec soucoupe. Plutôt d'accord avec nous, les architectes cherchent maintenant d'autres idées. » – Déclaration du sous-gouverneur J. A. C. Osborne dans une lettre adressée à H. C. B. Mynors le 4 juillet 1936.

En décembre 1936, les architectes fournissent au Comité les dessins en élévation définitifs, qui représentent un immeuble à parement de pierre de cinq étages de style néoclassique dont les portes centrales en bronze sont encadrées par deux grandes urnes de pierre. Sept grandes fenêtres sont ornées de murs tympans faits de bronze et de marbre. Le bâtiment repose sur une vaste zone souterraine conçue pour accueillir les chambres fortes et les salles des coffres qui sont « toutes construites selon les méthodes les plus récentes ». La superficie est suffisante pour recevoir un maximum de 380 employés.

Le sous-gouverneur Osborne aurait eu des réserves sur l'un des aspects du nouveau concept. Dans une lettre adressée le 6 février 1937 à B. G. Catterns, de la Banque d'Angleterre, il fait la remarque suivante : « On peut être quelque peu étonné par la présence de ce qui ressemble à deux immenses bombes déposées de part et d'autre de la terrasse. Mais je suppose que la façade pourrait sembler un peu terne sans ces deux masses pour équilibrer l'immeuble et l'ancrer au sol. Bien qu'elles ne suscitent pas tellement d'enthousiasme chez nous, nous ne pouvons penser à quelque chose de mieux. »

Les travaux sont entrepris au début de 1937. Le gouvernement retient la Piggott Construction Company, une société de Hamilton, en Ontario, comme entrepreneur principal et choisit les sous-traitants parmi des entreprises d'Ottawa, du sud de l'Ontario et du Québec. La construction s'effectue rapidement, sans retards déraisonnables ni dépassements de coûts. Le 10 août, la structure de l'immeuble était suffisamment achevée pour que le premier ministre Mackenzie King participe avec le gouverneur Towers à la cérémonie de pose de la première pierre. (Cette dernière renferme une boîte en cuivre contenant des articles-souvenirs du projet.) Le personnel emménage dans les nouveaux locaux en 1938.

Des années 1940 aux années 1960

1940s - 1960s
Mackenzie King ey Graham Towers

En raison du développement de ses activités, la Banque se sent rapidement à l'étroit dans son nouvel édifice. En 1946, des employés occupent des locaux temporaires en divers endroits du centre-ville d'Ottawa, et la direction de l'institution charge les architectes Marani et Morris de lui soumettre des devis en vue des rénovations, mais ces derniers ne sont pas retenus. Dans les années 1950, la Banque refait la même demande à cette société en vue d'ajouter des annexes à l'immeuble, mais les suggestions présentées sont de nouveau rejetées.

En 1963, la Banque annonce qu'elle lance une invitation à soumissionner à un petit nombre d'architectes du Canada dans le contexte d'un projet d'expansion. Cette initiative semble inciter la société Marani (devenue Marani, Morris et Allan) à revoir ses propositions précédentes, car elle soumet un nouveau concept que le Conseil d'administration de la Banque jugera « ingénieux et satisfaisant ». Le processus d'appel d'offres est annulé et, en janvier 1964, la Banque annonce son intention de commencer la construction.

Cependant, les projets de la Banque ne tardent pas à être reportés. En effet, dans les années 1960, le secteur de la construction connaît une expansion sans précédent à Ottawa, et la direction de la Banque se rend à l'évidence que l'ampleur des travaux prévus exercerait une pression indue sur un secteur d'activité déjà surchargé. À la fin de 1965, le gouverneur Louis Rasminsky annonce que la Banque a décidé de « remettre à plus tard le début de la construction du nouveau siège dont elle a grandement besoin ».

De 1969 à aujourd'hui

11969-present
Côté ouest de l'immeuble - 1966

À la fin des années 1960, la Banque se disant enfin prête à commencer la construction, il est décidé de demander de nouvelles esquisses. La société Marani (devenue Marani, Rounthwaite et Dick) et Arthur Erickson sont embauchés comme architectes associés, et leur nouveau concept est présenté à la Banque en 1969. Les plans prévoient que l'immeuble original en granit soit préservé, partiellement encerclé par une vaste cour vitrée et flanqué de deux tours de verre.

La construction débute en 1972 et se poursuit pendant toute la décennie. Les travaux prennent fin en 1979 et, en 1980, les employés finissent d'emménager dans le nouveau complexe. Le siège de la Banque du Canada demeure l'un des immeubles les plus typiques et les plus remarquables d'Ottawa sur le plan architectural.

C'est en 2012 que la Banque lance officiellement le plan de modernisation de son siège. Ce vaste chantier a constitué le projet d'infrastructure le plus important entrepris par l'institution depuis la construction des deux tours de verre dans les années 1970. La conception architecturale, œuvre de Perkins+Will Canada, visait à préserver et à protéger la valeur culturelle et patrimoniale de l'immeuble, tout en répondant aux besoins opérationnels d'une banque centrale moderne. Les travaux se sont achevés à la fin de 2016, et les employés ont réintégré l'immeuble dans les premiers mois de 2017.

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