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Les premiers billets de banque canadiens

Par Banque du Canada    |   Mercredi le 6 décembre 2006

Les premiers billets de banque canadiens
National Currency Collection

Au Canada, la première forme de monnaie de papier officielle n’a pas été un billet de banque mais une carte à jouer.

En 1685, la pénurie de pièces de monnaie qui touchait la Nouvelle-France a mené les autorités à chercher de nouvelles façons de payer les soldats et de soutenir les échanges commerciaux. Leur solution a consisté à émettre de la « monnaie de carte », c’est-à-dire des cartes à jouer coupées en différentes tailles selon la valeur qui leur était assignée et portant la signature d’administrateurs de la colonie. Étant donné que les pièces servaient à payer les importations et avaient donc tendance à sortir du territoire, on a eu recours, au fil des ans, à d’autres formes de papier-monnaie, comme des lettres de change et des billets à ordre, afin de pallier le manque chronique d’espèces sonnantes.

Lorsque les premières banques commerciales ont été créées, au début du XIXe siècle, les billets de banque qu’elles ont mis en circulation se sont révélés un moyen d’échange très utile. Mais des problèmes ont surgi. Comme les banques étaient nombreuses à émettre des billets, les entreprises et la population avaient du mal à se retrouver dans les diverses coupures lancées par chacune d’elles, ce qui a facilité la tâche des fraudeurs et des faux-monnayeurs. En outre, les billets n’étant souvent échangeables à leur valeur nominale qu’à leur lieu d’émission, les gens étaient contraints de les échanger à rabais ailleurs au pays.

Les premiers billets de banque canadiens
À gauche : Ordonnance de 48 livres, 1753. Émises par le Trésor à Québec pour paiement des « dépenses générales », les ordonnances étaient un type de billet à ordre. Un chiffre romain est inscrit à la main dans le coin inférieur gauche. À droite : Lettre de change de 1 464 livres, 1759. Émises par les autorités coloniales de Montréal pour payer les dépenses, des lettres de change tirées sur des comptes tenus à Paris étaient endossées et échangées comme du papier-monnaie. National Currency Collection

En dépit de ces inconvénients, l’influence grandissante des banques commerciales et leur solidité — les faillites étaient rares — ont contribué à affermir la confiance à l’égard du papier-monnaie et à faire croître rapidement l’utilisation des billets de banque. Les gouvernements de Terre-Neuve, de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard ainsi que de la Province du Canada ont également émis des billets.

Aux termes de la Loi constitutionnelle de 1867, les banques et la monnaie sont devenues des domaines de compétence fédérale. Au fur et à mesure que les provinces entraient dans la Confédération, le gouvernement du nouveau pays prenait en charge l’émission de leurs billets. En 1870, les billets du Dominion du Canada ont commencé à remplacer les billets des provinces, circulant de pair avec ceux des institutions bancaires.

Par suite de l’adoption de la Loi sur les banques de 1871, première loi du Dominion édictée en cette matière, les banques à charte n’étaient plus habilitées à émettre des billets de 1 et de 2 dollars, cette prérogative revenant à l’État. Les modifications apportées à cette loi en 1881 ont, de surcroît, limité les banques à charte au seul droit d’émettre des billets de 5 dollars et de multiples de 5. L’impression et la livraison des billets émis par ces banques, ainsi que la destruction de ces derniers et des plaques de métal utilisées à l’étape de l’impression, étaient supervisées de près par l’Association des banquiers canadiens.

Les premiers billets de banque canadiens
National Currency Collection

Billet de 5 shillings ou de 1 dollar de la Central Bank of New Brunswick, 1854. Cette institution était une banque commerciale et non une banque centrale comme le laisse entendre son nom. Elle a été l’une des premières à employer de l’encre de couleur afin de décourager la contrefaçon. Billet de 5 livres ou de 20 dollars de la Commercial Bank of Newfoundland, 1867. Mis en circulation par l’une des deux banques commerciales de Terre-Neuve, mais imprimé en Angleterre, ce billet comporte un élément de sécurité constitué de caractères rouges en surimpression ainsi que des images d’un phoque du Groenland et d’une morue, qui l’associent immédiatement à la colonie et à son économie. Il est aussi doté de numéros de série de couleur rouge. Billet de 4 dollars de la Bank of Western Canada, 1859. Entre les portraits de la reine Victoria et du prince Albert figurent bien en vue, sur cet ancien billet, les caractères rouges « FOUR » en surimpression, un élément anticontrefaçon couramment utilisé à cette époque. La valeur des immobilisations de la banque, soit « $1,000,000 », est également en évidence. Établie dans la région de Niagara Falls, cette institution s’est lancée plus tard dans des opérations financières peu orthodoxes, mettant en circulation des billets sans valeur adossés à aucun actif. Billet de 10 dollars de la Banque Canadienne de Commerce, 1917. Ce billet remarquable fait partie d’une série visant à souligner le 50e anniversaire de la fondation de cette banque. Sa facture moderne se reconnaît aux lignes bien définies encadrant la partie centrale et bordant le billet, au style du lettrage, de même qu’au motif guilloché de couleurs entremêlées imprimé au centre. Le tableau, de la dimension du billet, illustre des figures allégoriques symbolisant les récoltes. Il est réalisé dans le style préraphaélite, caractérisé par la finesse du détail et des lignes fortes et empreint de romantisme médiéval.

L’usage des billets de banque s’est généralisé à mesure que se développait l’économie canadienne. En 1901, la valeur du papiermonnaie émis par les banques à charte s’établissait à 50 millions de dollars, tandis que l’encours des billets du Dominion avoisinait les 11 millions de dollars. En 1932, ces montants atteignaient 132 et 39 millions de dollars, respectivement.

Ce double système d’émission des billets a produit de bons résultats, même pendant la tourmente économique qui a accompagné la Première Guerre mondiale. La Loi financière de 1914 a donné cours légal aux billets émis par les banques à charte, et celles-ci ont ainsi pu répondre aux demandes des déposants en ayant recours à leurs propres billets plutôt qu’à ceux du Dominion ou à de l’or.

Avec l’arrivée de la Grande Dépression au début des années 1930, les critiques croissantes de la population à l’égard du système bancaire canadien et le fait que le pays ne disposait pas d’un mécanisme de règlement direct des soldes des comptes internationaux ont incité le gouvernement à former une commission royale chargée de se pencher sur l’établissement d’une banque centrale.

La commission a recommandé la création d’une banque centrale nationale qui aurait le droit exclusif d’émettre les billets de banque au Canada. Les billets des banques à charte seraient retirés de la circulation au cours d’une période déterminée. La plupart des banques commerciales du pays se sont opposées à l’instauration d’une banque centrale, invoquant, entre autres raisons, la crainte de voir leurs bénéfices diminuer si elles perdaient le droit d’émettre des billets.

En 1934, la Banque du Canada a été créée par une loi du Parlement, qui lui conférait la responsabilité de réglementer la masse monétaire du pays et de « favoriser la prospérité économique et financière du Canada ». De plus, la nouvelle banque centrale a été investie du privilège exclusif d’émettre les billets de banque canadiens.

La Loi des billets du Dominion et la Loi financière ont été abrogées le jour où la Banque du Canada a ouvert ses portes, soit le 11 mars 1935. Cette date coïncide également avec la mise en circulation des premiers billets émis par la Banque.

Les premiers billets de banque canadiens
National Currency Collection

Billet de 2 dollars du Dominion du Canada, 1870. Les premiers billets émis par le nouveau gouvernement du Canada rendaient hommage aux peuples fondateurs. Le billet montré ici est orné de l’effigie du général James Wolfe, à gauche, et de celle du marquis de Montcalm, à droite. Entre les deux hommes, un autochtone assis regarde un train circulant sur le chemin de fer qui traversera bientôt l’immense nouveau pays. Le numéro de série en rouge indique que ce billet a été émis à Toronto. Les billets du Dominion existaient en coupures de 25 cents et de 1, 2, 4 (de 1882 à 1911), 5 (après 1911), 500 et 1 000 dollars, sans oublier celles de 5 000 et de 50 000 dollars, qui étaient réservées aux transactions interbancaires. Billet de 25 cents du Dominion du Canada, 1900. Il s’agit du seul billet divisionnaire jamais émis par le gouvernement. La première émission, de 1870, devait faciliter le remplacement des pièces d’argent américaines. Des versions ultérieures, lancées en 1900 et en 1923, ont constitué des cadeaux très populaires. Un guillochis complexe orne l’arrière-plan du chiffre du centre et la bordure du billet. La figure allégorique de droite personnifie Britannia. Billet de 1 dollar du Dominion du Canada, 1911. La facture de ce billet révèle l’emploi de techniques avancées de gravure et d’impression, comme en témoignent les portraits finement gravés du compte Grey, neuvième gouverneur général du Canada, et de son épouse, lady Grey. La signature de gauche a été apposée à la main par un représentant du gouvernement, alors que celle de droite a été gravée sur une plaque d’impression, puis imprimée. Billet de 5 dollars du Dominion du Canada, 1912. Le premier billet de 5 dollars émis par le gouvernement du Dominion est illustré du train de voyageurs baptisé The Ocean Limited, filant sur la ligne de chemin de fer Intercolonial dans la vallée de Wentworth, en NouvelleÉcosse. Les signatures du contrôleur de la monnaie et du sous-ministre des Finances sont reproduites par impression. Cette innovation incite les autorités à apposer le sceau du ministère des Finances sur les billets pour rassurer la population quant à leur légitimité.

Cet article représente une partie de la publication nommée L'oeuvre artistique dans les billets de banque canadiens de la Banque du Canada

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