Vision australienne de notre monnaie coloniale
Par Graeme Petterwood | Lundi le 10 mai 1999
Terre-Neuve, la Nouvelle-Écosse (Acadie) et les riches bancs de pêches autour ont été “découvert” en 1497 par John Cabot (1425 -1500) qui naviguait pour la Grande-Bretagne. Il croyait alors qu’il venait de découvrir une partie de l’Asie. Le premier peuplement anglais date donc d’autour 1500.
En 1534, un explorateur français, Jacques Cartier, a dressé le drapeau français et pris possession du Canada pour son roi, mais les colons furent lents à arriver et éventuellement l’autorité anglaise s’est établie sur certaines portion en 1583 grâce Sir Humphrey Gilbert, (1538-1583) qui avait été fait chevalier par la reine Elizabeth I, pour service rendu en Irlande.
Gilbert, âgé de 45 ans, s’est noyé tragiquement la même année, mais il est mentionné dans les livres comme découvreur de Terre-Neuve, même si le peuplement de St-John’s datait de 80 ans auparavant.
Plusieurs peuplements français ont eu lieu sur la côte sud de Terre-Neuve après 1600, dans les environs de Placentia, mais ils furent remis aux Anglais en 1710.
La Nouvelle-Écosse fut originalement colonisée en 1604 par un français, le Sieur de Monts, qui a appelé ce coin de pays l’Acadie laquelle, après quelques changements de possession allait être perdue aux Anglais en 1713.
Plusieurs des premiers peuplements français furent originalement mis en branle dans un effort d’augmenter la population canadienne quand il fut évident que les Anglais s’appropriaient graduellement l’Amérique du Nord. Des prisonniers français ont reçu des offres de pardon s’ils venaient s’installer au Canada, des nobles ruinés et leur famille ont reçu des terres pour refaire leur vie alors que des colons volontaires qui espéraient vivre une vie loin des troubles européens.
Au début, les colons étaient surtout des hommes, mais pour équilibrer la situation, le roi Louis a offert un voyage gratuit pour les orphelines et les femmes de mauvaise vie pour fournir des épouses et des servantes aux colons.
La même chose est arrivée en Australie, dans les premiers jours de la colonie. Des femmes anglaises de tout âge ont profité de l’opportunité de débuter une nouvelle vie. Le procédé a bien fonctionné pour la France et des bateaux pleins de femmes furent envoyés au Canada.
La monnaie française a fait sa première apparition en 1670, après qu’un édit, daté du 9 février 1670, fut émis par Louis XIV (1638 -1715) pour fournir de la monnaie à la Nouvelle-France, l’Acadie, Terre-neuve et les Antilles françaises. On prévoyait faire fondre de vieilles pièces de cuivre à Nantes pour frapper des pièces de 2 deniers, mais pour des raisons inconnues, la seule production fut celle de 200,000 5 Sols et 40,000 15 Sols, deux pièces en argent.
Cependant, les sols ne furent pas populaires avec les colons de la Nouvelle-France et leur valeur fut augmentée de 33.3 pourcent en 1672 dans l’espoir de les garder en Nouvelle-France, mais en vain.
Dès 1680, comme plusieurs autres monnayages d’argent dans le monde, les sols disparurent pratiquement avec les navires qui quittaient au printemps. En 1685, la manque de monnaie était tellement important que l’intendant, Jacques de Meulles, dû essayer de redresser la situation du mieux qu’il le pouvait. Sans atelier de frappe monétaire ou de presse à imprimer pour le papier-monnaie, le moyen le plus efficace qu’il trouva fut de produire des billets sous forme de cartes à jour avec des inscriptions manuscrites !
En autorisant l’émission de carte complète pour 4 livres, de demi-carte pour la moitié de cette somme et de quart de carte pour quinze sols, de Meulles espérait seulement soulager les griefs de ses soldats concernant leur solde. Ce procédé, de plus en plus sophistiqué, fut utilisé par les administrations suivantes durant les 75 années suivantes, jusqu’en 1760, et couvre au moins 22 émissions de ces billets temporaires.
Chaque nouvelle émission fut pensée pour remplacer la précédente émission. Avec la sévérité des peines pour ceux qui conservaient de vieilles cartes, aucun exemple des premières émissions ne sont connues et les quelques monnaies de cartes qui reste sont protégées par la loi sur le patrimoine historique et ne peuvent être exportées.
Durant ce temps, Louis XV (1710 -74) a pris des mesures pour combler ce manque de monnaie dans ses établissements de la Nouvelle-France. En décembre 1716, le roi Louis XV a autorisé, par édit, la frappe de plusieurs pièces de cuivre. Néanmoins, en raison de problèmes techniques reliés au cuivre (il était impur), les deux premières tentatives, en 1716 et ensuite en 1720, d’émettre des pièces de 6 et 12 derniers furent virtuellement abandonnées, avec seulement quelques rares pièces voyant la lumière du jour.
Dès 1721 les problèmes techniques avaient été surmontés (en important des planchettes de cuivre de la Suède) et une série de 9 derniers fut émise pour se poursuivre en 1722. Approximativement 534,000 pièces furent fabriquées et envoyées en Nouvelle-France de La Rochelle. Mais, croyez-le ou non, les colons n’aimaient pas cette monnaie de cuivre, et seulement 8,180 pièces furent éventuellement mises en circulation. La balance fut retournée en France.
Au cours des années, jusqu’en 1760, plusieurs types de pièces françaises ont fait leur chemin jusqu’au Canada, incluant d’importants envois de pièces de billion (pièces en argent alliées au cuivre) ainsi que des pièces en cuivre, argent et or.
Ces pièces en billon étaient souvent frappées pour la France et contremarquées, de différentes façons, pour usage dans les colonies. Ainsi on a les 15 deniers, émis entre 1692 et 1707 et le mousquetaire de 30 deniers, frappé entre 1709 et 1713. Des écus d’argent de différentes dénominations étaient disponibles de 1720 à 1724 ainsi que des pièces de 3 livres connues comme “le petit Louis d’argent”. Il y eut aussi des livres en argent pur de 1720 à 1723. Enfin, un louis d’or et sa moitié fut aussi émis.
Une autre monnaie française, frappée dans plusieurs ateliers, était connue sous le nom de sol marqué. Elle avait une valeur de 23 deniers et fut frappée durant une période de 22 ans, soit de 1738 à la chute de la Nouvelle-France en 1759. Des émissions ultérieures eurent lieux, mais ne circulèrent pas au Canada.
Les vieilles monnaies de carte, certaines toujours en circulation, furent remplacées par des ordonnances du Trésor en 1758, mais le gouvernement britannique a choisi de ne pas rembourser les ordonnances et monnaies de carte après le Traité de Paris en 1764. Bien entendu, les colons français ont gardé un dégoût et une crainte du papier-monnaie (et de l’administration britannique) qui allait durer des années.
En 1758, la colonie française de l’Isle St-Jean fut acquise par les militaires britanniques et gouvernée à partir de la Nouvelle-Écosse jusqu’en 1770, lorsqu’elle reçut son propre statut de colonie britannique. L’Isle St-Jean, comme plusieurs anciennes possessions françaises, fut renommée. En 1794, elle devint l’Île-du-Prince-Édouard en l’honneur du second fils du roi George III, le prince Édouard qui portait le titre de Duc de Kent à cette époque. La fille d’Édouard, Victoria, fut éventuellement destinée à hériter de la couronne britannique après que soitmort son oncle, le roi George IV, en 1830 ainsi que William IV en 1837.
En 1813, comme son confrère le gouverneur australien Lachlan Macquarie, le gouverneur Smith de l’Île-du-Prince-Édouard a dû réagir face à un manque de monnaie britannique. Qu’a-t-il fait ? Il a mutilé un millier de dollars espagnols en poinçonnant une rondelle pour créer deux pièces ! Contrairement au dollar troué australien et son noyau (daté 1813), dont la valeur fixée par le gouverneur Macquarie était de 5 shillings et 15 pence, les pièces de l’Île-du-Prince-Édouard avaient des valeurs respectives de 5 shillings et 1 shilling. Toujours à l’opposé des pièces australiennes qui avaient leur valeur contremarquée, les dollars troués de l’Île-du-Prince-Édouard furent laissés pratiquement intactes, mis à part un petit cercle, ressemblant à un soleil, composé de 10 marques triangulaires et placées stratégiquement sur le front du monarque espagnol et sur la gorge du souverain sur le noyau.
La naïveté du gouvernement fut démontrée quand un plus grand nombre de dollars que la quantité émise apparurent dans la colonie. Dès 1814, l’ensemble des pièces devait être retiré, mais les marchands locaux décidèrent que les pièces supplémentaires seraient acceptées car elles étaient faites avec des véritables dollars espagnols. Ces derniers ont continué à circuler comme jetons.
Plusieurs imitations contemporaines sont connues et la plus grande prudence est de mise lors de l’achat de ces pièces. Ces copies sont généralement faites avec des véritables pièces espagnoles de 8 reales, comme les authentiques pièces de l’Île-du-Prince-Édouard.
En 1812, les Anglais avaient plein de difficultés qui prenait racine dans l’infiltration d’américains dans la portion ouest du Canada, ce qui a dégénéré en guerre de 1812 à 1814. Durant cette période, les Anglais ont utilisé des billets militaires pour financer leur petite guerre et, après avoir défendu avec succès le territoire canadien, ils ont redoré le blason du papier-monnaie en remboursant complètement les billets. Leur action positive a pavé la voix à l’établissement futur d’un système bancaire canadien fiable et inspirant confiance.
Par ailleurs, l’importation de jetons d’un demi-penny et d’un penny allait augmenter durant cette période au point où une loi dut être passée en Nouvelle-Écosse en 1817. Elle prohibait l’importation de nouvelles pièces de cuivre et ordonnait le retrait des autres sur une période de trois ans.
En 1823, le gouvernement néo-écossais allait contenir la vague de jetons en autorisant l’émission d’une série de jetons semi-légaux, c’est-à-dire sans l’assentiment du gouvernement britannique. Ces pièces furent frappées secrètement par un atelier privé en Angleterre. Elles présentent le roi George IV et la légende «Province of Nova Scotia» à l’avers avec un chardon écossais avec date et valeur au revers.
Les deux Canada furent lents à passer aux actes. Cependant, en 1825, une loi interdisant l’importation de nouveaux jetons privés fut votée, mais sans date limite pour le retrait des pièces en circulation, ce qui fut inefficace, particulièrement au Bas-Canada qui était la proie d’un déluge de pièces en cuivre douteuses. Par ailleurs, une lacune dans le libellé de la loi permettait aux jetons ayant la date 1825 ou avant de continuer à circuler, ce qui arriva jusqu’en 1838 avec l’importation de pièces antidatées. Plusieurs des premières pièces de 1825 furent de bon aloi et acceptable, mais graduellement des pièces plus légères, souvent faites de laiton, un métal jaunâtre et moins cher que le cuivre, et avec un poids allant jusqu’à cinq grammes inférieurs aux pièces légitimes, ont fait leur apparition en grande quantité. Des actions étaient nécessaires pour contrôler les profiteurs.
Une façon pour essayer de régler le problème fut d’autoriser la Banque de Montréal, entre 1835 et 1836, à émettre 72.000 jetons d’un sou (demi-penny) chaque année. Les jetons bouquets ‘Trade & Agriculture’, qui furent fabriqués à Birmingham, avaient la dénomination un sou avec un s en surplus (un sous), mais ils furent acceptés sans modification en raison de l’urgence de la situation. En 1838, la Banque du Peuple a émis son premier sou controversé que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de sou de la Rébellion. L’émission de 12.000 pièces, datée 1837, fut réalisée avec des matrices gravées par Jean Marie Arnault de Montréal. On avait convaincu ce dernier d’inclure une petite étoile et un bonnet phrygien, symbole de la Liberté, comme un acte de désobéissance civile durant la Révolte des Patriotes. À la même époque, un changeur de Montréal, Dexter Chapin a procédé à la fabrication et l’importation de plusieurs milliers d’imitations de jetons au bouquet.
Une nouvelle émission de 84.000 fut aussitôt commandée par la Banque du Peuple à l’atelier de Belleville au New Jersey, pour remplacer le sou de la Rébellion qui offensait le gouvernement tout en ayant des variations importantes en masse et dimension. Les ateliers de Birmingham et Belleville ont produit de nombreuses variations dans leurs dessins au cours des quelques années durant ces années de manque de monnaie.
Durant les années qui ont suivi 1838 jusqu’à la Confédération en 1867, les actions prises par les banques, qui persistaient à émettre des pièces de qualité, ont commencé à porter fruit. Le nombre de pièces de mauvaise qualité a graduellement diminué pour finalement disparaître de la circulation. Plusieurs de ces pièces furent réalisées par des manufacturiers anglais bien connus comme Boulton & Watt et Ralph Heaton & Sons, et préparées de matrices de qualités tout en respectant le standard des pièces royales britanniques.
Après le rapport de Lord Durham, déposé en 1839, qui ciblait les causes des deux rébellions de 1837 comme étant le gouvernement divisé de deux Canada, il devenait évident pour les Anglais que des actions devaient être entreprises. Il est apparut que quelques personnages dominants de l’administration locale ne prenaient pas soin des colons, surtout ceux de provenances différentes, et, dans plusieurs cas les contrôlaient de façon tyrannique.
Sans entrer dans la diversité culturelle et religieuse dans les deux différents Canada - la région le long du St-Laurent, renommée Québec, était connue comme le Bas-Canada après l’acte constitutionnel de 1791 - il devenait politiquement impératif d’unir le Canada pour la sauver d’une désintégration certaine.
Une des suggestions de Lord Durham fut le gouvernement responsable et un système de seigneurie fut mis en place durant la période de 1848 à 1855, avec les postes exécutifs choisis par les assemblées coloniales. En 1841, les deux Canada furent donc unis pour former la Province du Canada - une large colonie avec une pléthore de monnaies et jetons différents que le gouvernement devait gérer. Juste avant la réalisation de cette unification, les quelques banques du Bas-Canada : la Banque de Montréal, la Quebec Bank (maintenant partie de la Banque Royale, la City Bank et la Banque du Peuple (toutes deux aujourd’hui défuntes) - avait lancé des pièces d’un sou et de deux sous connues sous le nom de sous habitants en raison du revers qui présente un habitant traditionnel.
Il est intéressant de noter que cette immense émission, datée 1837 fut éventuellement écrasée pour faire des blocs métalliques plutôt que fondue au moment de son retrait.
La Banque de Montréal fut la première à recevoir l’autorisation du nouveau gouvernement d’émettre 480.000 sous et 240.000 deux sous en 1842 ainsi qu’une autre émission de 1.440.000 sous en 1844. En 1850, de fortes pressions pour un monnayage canadien fut mise en branle par Sir Francis Hincks qui était à l’époque inspecteur général. Ce fut cependant refusé par le gouvernement britannique jusqu’à ce qu’un compromis soit atteint en 1851 quand la décision fut prise de permettre un système décimal basé sur la livre canadienne. En 1853 - après la persévérance de Sir Francis Hincks - une loi fut mise en place pour établir une monnaie double, soit la livre-shilling-penny et le dollar-cent-mil. Même si aucune monnaie ne fut frappée, la voie était pavée pour un usage éventuel du système décimal qui est entrée en vigueur en 1857 avec la frappe des premières pièces d’un cent datées 1858. Elles montraient le portrait de la jeune reine Victoria qui était l’oeuvre de Leonard Wyon de la British Royal Mint.
Les nouvelles pièces avec exactement un pouce d’épaisseur et 100 pièces pesaient une livre. Tout ceci ne signifiait pas grand chose pour le bon peuple qui ne les aimait pas beaucoup en raison de leur faible poids et les pièces durent être escomptés à 20% pour être acceptées en circulation.
Le gouvernement a même dû acheter une large quantité de jetons 1857 émis par la Bank of Upper Canada Bank pour faciliter la mise en circulation des pièces. Après avoir été entreposés à Montréal pour un bon nombre d’année, ces surplus furent transférés à Toronto en 1873 et fondus pour leur valeur en cuivre. Initialement, le nouveau dollar canadien avait la même valeur que le dollar américain, soit 4,866$ par livre sterling.
Les autres provinces du Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve, Nouvelle Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard ont suivi ce processus plus lentement et l’ont appliqué de différentes façons. Le dollar du Nouveau-Brunswick fut basé sur le dollar en or américain et a fait ses débuts en 1861, Terre-Neuve a basé sa monnaie sur le bon vieux dollar espagnol en 1865, et en 1859, la Nouvelle-Écosse a basé son taux à 5,00$ à la livre, mais n’a pas frappé de pièces avant 1861, alors que l’Île-du-Prince-Édouard (qui n’a pas rejoint la Confédération avant 1873), n’a rien fait avant 1871 alors qu’elle a opté pour le dollar en or américain et procédée à l’émission de jolies pièces d’un cent produites par la Heaton’s Mint de Birmingham.
Entre 1867 et 1873, les différentes provinces du Canada (excepté Terre-Neuve qui attendu jusqu’en 1949), se sont unie pour former un des nouveaux pays de l’Hémisphère Nord, le Canada. L’histoire de la monnaie nationale s’est poursuivie à partir de 1870 avec des émissions fédérales, mettant fins aux émissions provinciales.
Un autre problème qui a causé des problèmes au gouvernement était créé les larges quantités de pièces d’argent américaines qui avait été importées dans les colonies et qui circulaient à leur valeur faciale jusqu’à la fin des années 1840 ou la hausse du métal a fait décliner leur nombre.
Cependant, dès 1853 le problème est revenu quand la pureté de la monnaie d’argent américaine fut diminuée et qu’une grande quantité de pièces ont migré vers le nord. On a parlé de la nuisance américaine (U.S. silver nuisance). En 1869, un effort pour retirer ces pièces fut tenté. Près d’un million de dollars en pièces fut retirées et renvoyées au sud sans affecter l’économie. Il a finalement fallut un deuxième effort de l’exportateur et banquier montréalais William Weir qui fut mandaté par le gouvernement en 1871 pour trouver et retirer un autre 3 millions de dollars.
Références
Coins of Canada. (16e Édition.) - par J.A. Haxby and R.C. Willey. The Unitrade Press 1998.
Striking Impressions. (2e. Édition.) - par James A. Haxby. 1986.
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