Dollars J. O. P.
Par Patrick Glassford | Dimanche le 14 janvier 2007
Le contenu suivant provient du site Web de Patrick Glassford qui n'existe plus. Pour garder ces informations à la disposition du public et pour des raisons de perpétuité, nous les avons reproduites ici. Traduction libre.
L'un des moments les plus étranges de l'histoire numismatique canadienne tourne autour de ces pièces. Pendant vingt ans, ils sont restés un mystère, et ce qui est encore plus étrange, il n'y avait aucune raison particulière pour qu'ils aient été un mystère du tout.
Presque au tout début de ma carrière de collectionneur, j'ai rencontré l'un d'eux et ma curiosité a été immédiatement éveillée. Le marchand qui m'a vendu la pièce, aujourd'hui décédé, n'a apparemment jamais remarqué qu'elle était contre-marquée, ou si oui, ne m'en a rien dit. Au fur et à mesure que la situation évoluait, même s'il avait voulu le faire, cela aurait été impossible. Au final, j'ai payé le plein prix de l'époque. La pièce en question était un JOP de 1 dollar 1949 Terre-Neuve.
Comme on pouvait le supposer, je n'ai pas perdu de temps pour instituer une enquête sur ma nouvelle acquisition. Une personne qui aurait dû être mieux informée a essayé de me dire que c'était l'œuvre de la Monnaie royale, ce que j'ai eu la sagesse de ne pas croire. Mes enquêtes assez nombreuses se sont toujours retrouvées devant un mur blanc et j'ai finalement conclu que ce n'était pas une pièce qui devait être présente dans une collection. Ayant atteint cette conclusion, j'ai vendu cette pièce pour sa valeur nominale, une action que je regrette maintenant sincèrement.
Selon Irene Burd, un article sur les dollars JOP a paru dans le Winnipeg Tribune à un moment donné en 1947. Avec une dose d'espoir, j'ai écrit au Tribune et j'ai reçu la réponse qu'il serait impossible de trouver un tel article à moins de leur fournir des informations beaucoup plus précises.
Irene Burd, anciennement de Winnipeg, a acheté une JOP Blunt de 1947 pour 3,00 $ d'un marchand de la ville qui considérait comme cette pièce comme mutilée. Le marchand lui a même conseillé de remplir la marque avec de l'argent, ce qui n'est pas très facile à faire. Il lui a mentionné qu'il avait réussi à remplir une autre pièce de monnaie de la même année.
Une pièce de 1 dollar JOP de 1948 a été trouvé à Spokane, il y a environ cinq ans, par James Riley, une pièce qui lui a été vendue par Frances Mills. Il a retourné cette pièce à la marchande puisqu'il l'a condidérait comme endommagée. Ce qui est arrivé à cette pièce par la suite est inconnu. Des événements similaires ont dû se produire à plusieurs reprises.
Enfin, et au grand plaisir de plusieurs d'entre nous, Larry Gingras, un citoyen de Richmond, en Colombie-Britannique, s'est saisi de l'affaire et l'a menée à bonne fin. Son magnifique article sur les dollars JOP est paru dans le numéro d'octobre 1959 du Canadian Numismatic Journal et a répondu à pratiquement toutes les questions sur ces pièces JOP. Nous lui sommes tous très reconnaissants pour son bon travail. Il faut bien comprendre qu'une grande partie de ce chapitre est solidement basée sur son histoire très intéressante.
Joseph Olivia Patenaude possédait à une certaine époque une excellente entreprise de joaillerie sur la rue Baker à Nelson, en Colombie-Britannique. Étant assidu et travaillant, il réussissait très bien et avait un grand nombre d'amis. Entre autres choses, il a réussi en tant qu'optométriste et a été répertorié comme l'un des rares de son temps capable de fabriquer des lentilles trifocales. S'il était resté strictement dans le secteur de la joaillerie, cette histoire n'aurait pas été écrite. C'est son fort intérêt pour l'argent qui l'a finalement conduit aux dollars JOP.
Patenaude est devenu un partisan d'une méthode moins chère de raffinage du minerai d'argent qui avait été développée par un monsieur French. Une méthode qui promettait beaucoup pour l'avenir de ce métal. Lui et plusieurs autres citoyens de Nelson ont soutenu French, mais cela mena à une âpre bataille juridique dans les années 1920 qui s'est terminée par la victoire de puissants intérêts miniers. Malheureusement pour Patenaude, le litige a également mis fin à la majeure partie de son compte bancaire.
Patenaude avait d'excellentes raisons pour son fort penchant pour l'argent. Non loin de Nelson, et également en Colombie-Britannique, se trouve la ville de Kimberly, le site de la célèbre mine Sullivan, productrice de plomb et de zinc, et aussi la plus grande mine d'argent au Canada. Chose intéressante, au sud de la frontière dans le Coeur d'Alene, se trouve le Sunshine, le plus grand producteur d'argent des États-Unis. Les deux sont situés dans la même ceinture minérale.
Contrairement à la plupart des hommes, Patenaude ne se laissa pas aigrir par ses déboires judiciaires et continua à faire tout ce qu'il put pour promouvoir l'argent publiquement. Il croyait fermement que l'utilisation d'un dollar en argent aurait de la valeur pour le Canada. Il mena une vigoureuse campagne consacrée à la frappe d'une telle pièce. Inutile de dire qu'en 1935, son enthousiasme pour le dollar était des plus sincères.
Pour promouvoir la nouvelle pièce, Patenaude a acheté 1 000 dollars en argent et les a contre-marquée avec ses initiales. Les pièces ont été largement distribuées parmi les citoyens de Nelson et pendant de nombreuses années, il les a données comme monnaie aux clients de son magasin. L'un des objectifs de la contremaque était un intérêt naturel de sa part afin de voir où ils iraient en circulation.
Un homme d'affaires de Nelson a déclaré de Patenaude qu'il ne croyait pas avoir jamais été coupable d'un acte méchant. Toute sa vie a été honnêtement consacrée à faire le bien et il n'a prêté aucune attention à la race ou à la croyance. Bien que célibataire, de nombreux sans-abri ont bénéficié de son aimable intérêt. Il considérait son argent comme un don de Dieu et le partageait généreusement avec d'autres qu'il considérait moins fortunés. Il serait bien méchant d'esprit qui manquerait d'admiration pour un si beau caractère.
Bien qu'il soit contraire à la loi de défigurer la monnaie, Patenaude était tout à fait innocent d'une telle connaissance et il n'a pas sciemment violé les lois sur la monnaie. Heureusement, il n'a jamais été interpellé sur ce point.
Nous avons déjà noté que 1 000 des dollars de 1935 étaient contre-marqués. Il est assurément sûr de supposer que les dollars des autres années devraient au moins égaler ceux de la première année et donc 2 000 d'entre eux devraient exister. Dans la mesure où les connaissances actuelles s'étendent, il n'est pas possible de déterminer si certaines de ces pièces ont été fondues à la Monnaie royale puisqu'elles pourraient être considérées comme mutilées.
Il est étrange que tant de dollars contre-marquées sont des dollars de 1947 avec le 7 droit. Aucune pièce n'a encore été signalée avec la marque JOP sur un dollar de 1947 avec le 7 pointu. Il est presque certain qu'il n'existe pas de pièce JOP après 1949, puisqu'il a cédé son entreprise en 1950. La plupart des années intermédiaires entre 1935 et 1949 sont encore un mystère et il peut y avoir des années sans contremarque.
À noter que les JOP sont contre-marquées de deux manières différentes. Le type le plus commun semblerait être ses initiales estampées dans un ovale et combinées en un seul poinçon. L'autre type, et celui qui a attiré mon attention sur la pièce de 1949 de Terre-Neuve. Elle est estampillée de trois lettres distinctes et plus grandes. Ma première hypothèse était que toutes les autres pièces étaient marquées de la même manière.
Avant que l'histoire des JOP soit connue, il était certainement raisonnable de supposer que les pièces étaient mutilées et n'avaient d'autre valeur que leur dénomination. Ceux qui ont ces pièces feraient bien de garder pour leur histoire unique. C'est une absurdité de la plus haute espèce que de supposer qu'ils n'ont rien de plus qu'une valeur nominale.
Nous savons déjà que ces dollars sont entre les mains des citoyens de Nelson. Certains peuvent se demander, s'il s'agit d'objets si précieux, quelle est leur manière de se mettre en circulation ? Il n'y a certainement aucun mystère à ce sujet. Nul doute qu'un certain nombre de personnes auraient, ou ont eu, quatre ou cinq des pièces et seraient donc disposées à s'en séparer. Quant à les abandonner tous, j'en doute fort, sauf cas exceptionnels. Les personnes qui mettent des souvenirs en vente sont une espèce peu commune et leur honneur est discutable.
Somer James a fait tout ce qu'il a pu pour obtenir des informations sur les JOP et pour établir une sorte de valeur/prix pour eux. En ce qui concerne la valeur/prix, je refuse de donner quelconque estimation.
Tout récemment, Homer Cardle, un collectionneur de Spokane, a acheté un JOP de 1947 pour sa valeur nominale dans une pharmacie locale. Si son ancien propriétaire avait connu l'origine de la pièce, il y a lieu de supposer qu'aucune vente n'aurait été effectuée à un tel prix. C'était purement un coup de chance et rien d'autre.
Quelques mots sur Nelson sont peut-être de mise. Cette ville de 7 200 habitants se trouve à une courte distance de la frontière et à un peu moins de 200 milles de Spokane. Situé sur le côté sud du bras ouest du lac Kootenay, il s'agit en fait d'un carrefour routier de la région de Kootenay.
De l'or a été découvert en 1867 à Fortynine Creek, à 9 miles de Nelson. Des affleurements découverts en 1886 ont conduit au développement de plusieurs mines importantes. Le site de la ville a été choisi en 1888 et a été nommé en l'honneur de l'honorable Hugh Nelson, à l'époque lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique. Incorporée en 1897, Nelson a été la première ville de la province à entreprendre le développement d'une centrale hydroélectrique municipale sur la rivière Kootenay.
Nelson peut à juste titre être décrit comme un centre névralgique pour la région de Kootenay puisqu'il sert de centre financier, de commercialisation et de distribution. De plus, la ville a participé au développement des activités minières, forestières, agricoles et fruitières. Son cadre lacustre attrayant le rend populaire auprès des touristes. Telle est la ville que Patenaude a honorée d'une longue vie vouée à la générosité et aux bonnes actions. Il mourut à l'âge avancé de 85 ans le 9 mai 1956 et fut enterré à Nelson.
Voici donc l'étrange histoire des dollars en argent marqués JOP qui furent si longtemps un casse-tête. Sans le vouloir du tout, Patenaude écrit un chapitre inoubliable de l'histoire de la numismatique canadienne. Il est juste que sa mémoire soit à jamais gravée dans les dollars canadiens.
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