La collection nationale de monnaies
Par Banque du Canada | Lundi le 1 décembre 2008
La Collection nationale de monnaies compte plus de 100 000 artéfacts et comprend notamment des pièces de monnaie et des billets de banque datant de toutes les époques et provenant des quatre coins du monde. Elle renferme en outre des objets servant à fabriquer l’argent (matrices, plaques et outils à graver), à en suivre les mouvements (registres, livrets bancaires et comptes d’État), à le mesurer (poids et balances) ou à le manipuler (caisses enregistreuses, tirelires et portefeuilles), ainsi que des articles qui en facilitent l’étude (médailles et cartes émises par des sociétés numismatiques), sans oublier des spécimens de monnaie contrefaite.
Riches de plus de 8 500 livres, dépliants, catalogues et journaux, dont certains remontent aux temps médiévaux, la bibliothèque et les archives constituent un autre volet important de la Collection. Diverses pièces de cette dernière sont exposées au Musée de la monnaie, au siège de la Banque du Canada, à Ottawa.
C’est au gouverneur James Coyne que l’on doit l’idée de constituer une collection nationale de monnaies. En 1959, regrettant que l’on n’ait jamais songé à réunir en un même lieu des échantillons des billets émis par les banques privées canadiennes au cours des 150 années précédentes, il demande que l’on examine la possibilité de créer une collection nationale qui contribuerait au rayonnement de la Banque du Canada tout en ayant une mission éducative. On retient les services de Guy L. Potter à titre d’expert-conseil en numismatique afin d’aider à définir l’orientation future de la nouvelle collection.
En 1963, le gouverneur de l’époque, Louis Rasminsky, confie au major Sheldon S. Carroll la tâche de constituer la collection la plus complète possible d’articles ayant servi de monnaie d’échange au Canada et d’objets bancaires et monétaires. Premier conservateur de la Banque, le major Carroll est aussi chargé de réunir un ensemble représentatif d’espèces étrangères anciennes et contemporaines et de mettre sur pied une bibliothèque numismatique, afin de rassembler le tout dans un musée public à Ottawa. On profite donc de l’agrandissement du siège, en chantier à ce moment-là, pour aménager un espace à cette fin.
L’essentiel de la Collection est amassé dans les années 1960 et au début des années 1970, souvent grâce à la collaboration de différents ministères, comme celui des Finances, ainsi que de la Monnaie royale canadienne, de sociétés spécialisées dans l’impression de produits fiduciaires, de banques et de particuliers. En 1963, la Banque acquiert la collection de J. Douglas Ferguson, doyen de la numismatique canadienne à l’époque. Cette collection est composée entre autres de billets datant du Régime français ainsi que de nombreuses pièces de monnaie de l’Antiquité, du Moyen Âge et de l’ère contemporaine.
En 1965, le secrétaire d’État approuve la cession à la Banque de quelque 16 000 objets appartenant aux Archives publiques du Canada. Bon nombre d’entre eux étaient issus de la collection de Gerald E. Hart, que celui-ci avait vendue à l’État en 1883.
Gerald E. Hart
Gerald E. Hart naît en 1849 à Trois-Rivières, au Québec. Membre de la Société d’archéologie et de numismatique de Montréal, dont il sera le secrétaire, cet historien est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la Nouvelle-France. En 1875, il offre à l’administration du nouveau Dominion d’acheter son imposante collection personnelle de monnaies et de médailles canadiennes. Les négociations se poursuivront jusqu’en 1883, l’État en faisant alors finalement l’acquisition pour la somme de 2 500 dollars. La collection est exposée à la Bibliothèque du Parlement, à Ottawa, jusque dans les années 1950, avant d’être déménagée aux Archives publiques.
En 1965, les billets et pièces de monnaie conservés aux Archives sont cédés à la Banque du Canada, qui les intègre à la Collection nationale de monnaies. Malheureusement, il est impossible de savoir exactement lesquels, parmi les objets transférés, faisaient partie à l’origine de la collection Hart, les autorités de l’époque n’en ayant apparemment jamais dressé un catalogue. Gerald Hart est décédé en 1936.
Canada, jeton « Vexator canadiensis » de un demi-penny, vers 1820
Cet ancien jeton canadien est l’un des rares objets dont l’appartenance à la collection Hart a pu être confirmée. Il se distingue de pièces similaires par son état de conservation exceptionnel et des légendes pratiquement intactes. Dans un catalogue de 1888 associé à la vente d’une autre des collections de monnaies de Hart, ce jeton est dit la pièce parfaite de la collection de l’État à Ottawa.
La Banque réussit un autre coup de maître en 1974, en rachetant une grande partie de lacollection du Château de Ramezay à la Société d’archéologieet de numismatique de Montréal, le premier organisme du genre au Canada, fondé en 1862. Elle met ainsi la main sur la collection de Robert W.McLachlan, le plus grand numismate canadien de la fin du XIXe siècle et du début du siècle suivant. En 1977, le secrétaire d’État reconnaît officiellement l’importance pour le pays tout entier de la collection grandissante de la Banque, qui sera désormais désignée sous le nom de Collection nationale de monnaies.
Robert McLachlan
Né en 1845 dans la municipalité d’Hochelaga (annexée depuis à la ville de Montréal), Robert McLachlan se passionne très tôt pour la numismatique, si bien qu’au terme de sa vie, il aura constitué la collection de pièces de monnaie décimales canadiennes la plus complète au monde. Archéologue et auteur reconnu, il a beaucoup écrit sur l’histoire des jetons canadiens, contribuant activement à faire connaître la numismatique au pays. M.McLachlan s’est joint à diverses sociétés de numismatique d’Europe et d’Amérique du Nord, dont la Société d’archéologie et de numismatique de Montréal, à laquelle il vend l’essentiel de sa collection peu avant sa mort, en 1926. Ces pièces sont alors exposées au Château de Ramezay, à Montréal, et la Société achète le reste de la collection en 1929. C’est au milieu des années1970 que laBanque du Canada se porte acquéreur de la plupart de ces artéfacts, assurant ainsi la préservation de la plus importante collection privée de monnaie canadienne.
Auteur prolifique, Robert McLachlan publie des articles sur l’histoire numismatique du Canada dans un grand nombre de revues. Son discours à la Société Royale du Canada en 1915 est illustré de nombreuses photographies d’objets provenant vraisemblablement de son immense collection.
Au terme d’une attente de plusieurs années, le Musée de la monnaie de la Banque du Canada accueille finalement ses premiers visiteurs en 1980. Situé à quelques pas de la Colline du Parlement, le Musée est l’une des principales attractions d’Ottawa. En plus des expositions permanentes consacrées à l’histoire de la monnaie au Canada et ailleurs dans le monde, des expositions temporaires et itinérantes s’y succèdent régulièrement.
Le Centre d’apprentissage propose des programmes qui interprètent le patrimoine numismatique et économique du pays, font connaître le rôle de la Banque du Canada et entretiennent la confiance dans la monnaie et le système financier. Étudiants et chercheurs dont les travaux portent sur l’histoire de la monnaie et des banques au Canada peuvent consulter les ouvrages de la bibliothèque du Musée et obtenir des photos des artéfacts. Quant aux archéologues et aux numismates, ils peuvent se prévaloir des services d’identification qu’offre le Musée.
Cet article représente une partie de la publication nommée Si l'argent m'était conté - La collection nationale de monnaies du Canada de la Banque du Canada
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